Vous cherchez un polar réaliste et haletant dans un décor parisien? C’est ce que Commandant François Chanel de Pascal Marmet promet.
Voici le résumé :
Une enquête menée par un flic musicien, sur fond de sorcellerie et ayant pour décor les dessous d’une gare parisienne…
Parmi les milliers de voyageurs, Laurent erre seul dans le hall de la gare de Lyon, l’air paumé. Il vient de rater son CAP boulangerie et sa mère l’a mis dehors. Samy, escroc à la grande gueule, le repère rapidement. Il a bien l’intention de profiter de la naïveté de ce gamin aux chaussures vertes et l’entraîne dans un cambriolage. L’appartement dans lequel ils pénètrent est une sorte d’antichambre du musée des Arts premiers et regorge de trésors africains. Mais ils tombent nez à nez avec la propriétaire et collectionneuse. Comme elle s’est blessée en tombant dans les escaliers, ils lui viennent en aide avant de s’enfuir. Pourtant, quelques heures plus tard, elle est retrouvée morte, abattue de cinq balles tirées à bout portant. Le commandant Chanel, chargé de l’enquête, s’enfonce alors dans l’étrange passé de cette victime, épouse d’un ex-préfet assassiné quai de Conti peu de temps auparavant. Un polar haletant sur fond de sorcellerie qui nous dévoile les coulisses de la gare de Lyon et nous ouvre les portes du célèbre 36 quai des Orfèvres.
J’ai eu la chance de recevoir ce livre en tant que service presse, et je suis on ne peut plus ravie de l’avoir lu. Je remercie Pascal Marmet, pour cet envoi qu’il a gentiment pris le temps de dédicacer, et qui s’est avéré être une très belle découverte.
Tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié le personnage de François Chanel, ce qui est plutôt satisfaisant puisqu’il s’agit du personnage principal, ce qui a largement contribué à l’appréciation de ma lecture. Cet homme seul, d’abord perçu comme un homme sans cœur, sans empathie, avec une carapace importante, soit le flic stéréotypé dans toute sa splendeur, se révèle être touchant, attachant et, avant tout, humain au cours de l’histoire.
J’ai particulièrement apprécié le tournant qu’a pris l’histoire lorsque Chanel rencontre Salomé et qu’on découvre un tout autre visage de ce commandant, doté d’un instinct paternel particulièrement émouvant. L’évolution de ce personnage est intéressante car elle dynamise, entre autre, l’histoire. J’ai également trouvé le personnage assez marrant, ce qui était réellement plaisant à lire.
Quant au personnage de Salomé, j’avoue être déçue de son apparition si tardive, elle apporte la folie et l’innocence qu’il manquait au récit, le rendant plus frais et d’autant plus agréable, et ce malgré le regard assez noir et pessimiste qu’elle porte sur le monde et sur sa vie.
Le personnage de Laurent, quant à lui, atteint du syndrome de Peter Pan, c’est à dire qu’il ne veut pas grandir et refuse toute responsabilité d’adulte, m’a étonnamment moins touchée. Cependant, nous ne pouvons qu’avoir pitié de sa situation. C’est un garçon gentil et plein de compassion, entraîné malgré lui dans une situation qui le dépasse mais qui, finalement, marquera un tournant dans sa vie morose.
Je ne suis pas habituée à une narration à la 3ème personne, et suis souvent assez déçue et perturbée lorsque j’en lis. Cependant, j’ai trouvé qu’ici, cette forme de récit avait toute sa place, était totalement légitime, et permettait de bien comprendre les différents éléments de l’histoire, tout en contribuant à la rendre haletante.
Pascal Marmet réussit à nous plonger au coeur de la police, au 36, grâce à des détails particulièrement recherchés. J’ai apprécié le fait que sa plume ne soit ni trop lourde, ni trop fade. Ce style d’écriture collait totalement avec la personnalité du commandant, que j’ai eu l’impression d’entendre raconter l’histoire tout au long du récit. Les chapitres sont très courts, ce qui dynamise beaucoup la lecture, et la rend d’autant plus plaisante.
J’ai trouvé ce polar très réaliste, sûrement grâce à la présence de différents lieux parisiens qui me sont familiers, et dont la présence participe grandement à permettre au lecteur de s’imaginer et de se situer dans le récit. J’ai aimé que plusieurs meurtres soient au cœur de l’affaire, ce qui permettait de ne pas se pencher sur un unique événement durant tout le livre, bien que, comme on peut s’en douter, tous ces événements sont reliés. J’ajoute que, dès les premières phrases de l’auteur, on comprend qu’il s’agit d’une fiction inspirée de faits réels, permettant d’entrer dans le vif du sujet en faisant immédiatement monter la tension d’un cran et en intrigant le lecteur.
Une critique que je peux émettre sur ce récit, c’est la présence de magie, qu’à titre personnel je n’apprécie pas dans des histoires, initialement, si réalistes. Heureusement, la magie n’a pas une place particulièrement importante dans ce polar, et n’est pas indispensable. Elle est loin d’être au centre de la révélation finale, comme on peut le lire dans d’autres thrillers/polars, et qui m’énerve profondément. Non, heureusement, la magie était faiblement présente, principalement en tant que référence aux croyances de certaines tribus africaines.
En parlant de tribus africaines, j’ai beaucoup aimé le côté art africain, au cœur de l’histoire, qui nous fait voyager et découvrir une culture, tout en restant dans les décors parisiens. J’ai trouvé cela très original, et il était intéressant d’avoir, en plus de meurtres et de cambriolages, la présence d’un trafic, voire même du pillage, de ces trésors africains.
Quant à la fin, je ne m’attendais pas à ce tueur. Cependant, c’est normal car nous n’avons les informations qu’à la fin, assez peu au sein du polar, ce qui rend ce dénouement inattendu. Enfin, j’ai vraiment aimé l’épilogue, qui récapitulait le devenir de chaque personnage en quelques lignes.
Ainsi, si vous cherchez un bon polar à l’ancienne, avec des personnages aussi attachants qu’intrigants, dans des décors réalistes, sans être trop trash et trop sombre, et avec une intrigue haletante, vous savez ce qu’il vous reste à faire. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce polar, lauréat du prix Cœur de France (ce prix récompense un roman accessible au plus grand nombre), et il me tarde de lire d’autres histoires où le commandant apparaît, telles qu’Exécution ou Tiré à quatre épingles.