Il faut faire attention de ne pas enterrer les consoles trop vite. Voilà un adage qui colle parfaitement au cas d’Okami. Nous sommes en 2007, une période charnière dans le renouvellement hardware des trois constructeurs. La XBOX 360 lancée en 2005 s’affirme de plus en plus, en s’installant progressivement dans nos foyers, la Wii de Nintendo monopolise toute l’attention depuis sa présentation à l’E3 2006 et enfin Sony n’est pas à la traine avec sa troisième génération de Playstation. C’est le grand chambardement, de nouvelles licences pointent leur nez, d’autres se font un lifting à la sauce HD …
Seulement, il ne faut pas enterrer les consoles trop vite, car elles peuvent toujours nous surprendre dans leurs dernières années de vie. La Playstation 2 nous l’avait démontrée en 2005 en nous livrant sur un plateau d’argent une inoubliable aventure : Shadow Of The Colossus de la Team ICO. Deux ans plus tard, c’est au tour du studio japonais Clover de nous émerveiller avec Okami. Montré lors de l’E3 2006, le soft avait suscité beaucoup d’appréhension et d’excitation.
Visiblement la PS2 en avait encore dans le ventre, à croire que les développeurs ont su optimiser au mieux les capacités de la console. Sagement, la PS2 avant de transmettre le flambeau à sa petite sœur, prouve que l’on peut être encore surpris sur une machine ayant plus de 5 ans d’ancienneté.
J’ai un affect très particulier avec Okami. Encensé par la critique dans la presse spécialisée et dans les sites dédiés aux jeux-vidéos, j’ai voulu regarder par moi-même quelques vidéos. Sauf que les quelques vidéos sont devenues de nombreuses vidéos. Après visionnage, je n’étais toujours pas convaincu. Visuellement je ne comprenais pas l’engouement sur ce jeu. Je ne comprenais pas bien les tenants et aboutissants du projet, j’imaginais mal le rendu manette en main.
C’est donc, par un bel après-midi de septembre que je vis le jeu à 10euros et le pris. Sans grande conviction, je glissais le CD dans la fente (n’y voyez rien de sexuel), la Wii se mis à vibrer, voir même à émettre un léger couinement. Menu. Écran de Titre. Et l’aventure pouvait commencer. Et là … Mon dieu ! Je ne m’étais jamais pris une baffe comme ça. La surprise.
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Une ode à la contemplation
Il est difficile de décrire brièvement ce qu’est Okami tant l’aventure y est prenante et l’univers immense. Beaucoup de testeurs se sont cassés les dents afin de restituer au mieux leurs ressentis. C’est pourquoi j’ai mis assez de temps afin de vous livrer cet article. Et puis, il m’était impossible de faire une impasse sur une telle œuvre !
Okami est une invitation à la méditation et à la contemplation. Véritable estampe japonaise prenant vie, nous sommes transportés à travers le Japon médiéval. Graphiquement osé, le soft nous enchante de par son atmosphère prenante. Artistiquement parlant, aucune autres œuvres ne s’y rapprochent. Il y a véritablement le style Okami. Une patte graphique qui lui est propre. Les traits peuvent paraître grossiers, appuyés, mais cela permet de ressortir l’essentiel des paysages et des personnages. Ces traits au pinceau créent des personnages caricaturés et ainsi accentuent les émotions que dégagent les différents protagonistes.
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On connaissait le cell shading, technique qui consiste à renforcer les émotions des personnages, mais le style Okami va encore plus loin. Les décors ne sont pas vides, ils sont aux contraire très travaillés. Dans The Legend Of Zelda : The Wind Waker, jeu utilisant du cell shading, les décors sont très ressemblants de part et d’autre de l’aventure et le rendu est épuré. On a une recherche d’une esthétique souple, posée à plat. Okami propose à contrario une variété étonnante de paysages différents. Et chaque endroit justifie le choix graphique : la caverne de la lune, les vastes plaines, le quartier des riches, les régions enneigées … La force du jeu réside dans le fait que le joueur est rarement blasé des décors qu’il regarde. Véritable ode au raffinement pictural, ce pamphlet artistique révèle une magie que l’on a du mal à distinguer au vu de vidéos et images visionnées sur internet. Le seul moyen de pénétrer dans cet univers coloré est bien-sûr de s’y confronter.
Vous l’avez compris, la force première du titre réside dans son parti-pris graphique. Seulement ne nous arrêtons pas en si bon chemin ! Il y a encore tant d’autres aspects. Il est vrai que je me suis un peu engouffré dans la brèche sans pour autant vous expliquer le B.A BA : c’est quoi Okami ?
Un Gameplay coloré
Pour répondre à cette question, je me dois de vous dévoiler quelques facettes de l’histoire. Dans ces grandes lignes bien évidemment.
Il a 100 ans, une terrible malédiction s’abattit sur le Nippon. Le terrible dragon à huit têtes, Orochi, sème le chaos dans toute la contrée. Pour mettre fin à tout cela, un jeune loup blanc du nom de Shiranui et un guerrier dénommé Izanagi, se mirent à la quête du dragon dans le but de le vaincre. Après une rude bataille, le monstre est scellé au fond de la Cave de la Lune, un endroit entouré d’eau. Shiranui mourra suite à cet affrontement. Ces deux êtres sont alors considérés comme des héros et sont vénérés dans tout le royaume et d’avantage dans le petit village de Kamiki. 100 ans passèrent et un individu vint à briser le sceau, libérant alors le dragon. Haineux, le dragon plongea le royaume dans les ténèbres.
Sakuya, l’esprit de la Foret pria pour ressusciter Amaterasu, la déesse du soleil, surnommée autrefois par les humains Shiranui. C’est ainsi que nous débutons l’aventure afin de combattre les ténèbres en rétablissant la lumière dans les diverses parcelles du royaume Nippon. Un lien fort avec l’un des autres mastodontes du jeu d’aventure de l’époque : The Legend Of Zelda : Twilight Princess. Mais ce n’est pas le seul point en commun. En effet vous constaterez que le loup est aussi présent dans cet opus. Dans ce volet, le jeune Link à la faculté de se changer en loup durant ses escapades dans les zones ténébreuses d’Hyrule. Curieux non ? Alors plagiat ? A voir …
S’ensuit une aventure trépidante à travers des paysages colorés, des rencontres parfois tordantes, des énigmes corsées … Mais il est clairement difficile de résumer l’épopée d’Amaterasu tant il existe de petites quêtes annexes qui viennent s’attacher à la principale. Mais vous l’avez compris Okami s’inspire grandement des mythes et légendes du Japon.
Ancré dans des mécanismes largement inspirés par la référence en matière de jeu d’aventure, Okami enrichi pourtant ces rouages de part une foule de petites idées éparses. Ce zelda-like opte pour un gameplay moins terre à terre, privilégiant la sensualité du pinceau. Un pinceau magique que l’on dirige afin de créer des pouvoirs spéciaux tout aussi divers que variés : créer une bombe, déplacer de l’eau, créer une bourrasque de vent, couper des objets …. Le pinceau servant à la fois pour résoudre des énigmes que pour combattre des ennemis lors des phases de combats.
La bande sonore est simplement prodigieuse. Clover nous gratifie de plus d’une centaine de musiques et de sons répartis sur 5 CD. La musique, élément essentielle dans l’aventure tant elle participe à l’immersion, est d’excellente qualité. Ces thèmes musicaux mériteraient un article à eux seuls. Seul hic, les voix peuvent être assez stridentes à force de les écouter.
Le studio Clover nous a offert un magnifique chant d’adieu avant que ce dernier ne ferme ses portes en 2007. Néanmoins certaines de ses têtes pensantes continueront l’aventure dans une autre aventure : celle de Platinium Games.Vous l’avez compris, Okami est l’une de ces pierres angulaires que l’on n’oublie pas. Le soft complète, la très prestigieuse liste, des véritables bouffées de poésie de la PS2. A l’instar de ICO et Shadow of the Colossus, Okami émerveille de par sa folle justesse et son univers complet empruntant sans cesse aux traditions et mythes du Japon. Besoin de dépaysement ? Ruez-vous sur Okami, savourez-le comme il conviendra et ensuite, une fois le jeu revenu dans sa boite, remémorez-vous cette aventure. En somme un classique pour ainsi dire.
Nous retrouverons Okami en version HD sur le Playstation Store. Sortie prévue en fin d’année 2012. Allez un petit trailer pour la route.
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