Bayonetta avant d’être un jeu, c’est avant tout une gueule. Depuis les années 90, la femme aventurière se limitait à deux icônes majeures : la blonde d’une beauté froide intergalactique, Samus Aran, et l’aventurière brune incendiaire, Lara Croft. Alors que les héros récemment apparus avec cette génération de consoles sont quasiment emplis de testostérone, il a été surprenant qu’un éditeur prenne le contre-pied et nous livre une femme très, mais alors très sexy. Affublée d’une tenue en cuir moulante à souhait laissant entrevoir ses longues jambes effilées, Bayonetta charme tout bonnement. Comment rester insensible en voyant la fluidité de ses acrobaties ! Avec ses lunettes vissées sur le nez lui donnant un petit air sévère, son grain de beauté coquin et son joli minois, Bayonetta fait office de fantasme pour beaucoup de joueurs. Pour les plus intéressés, je vous conseille de mettre la main sur la version Climax de Bayonetta, vous y trouverez un petit artbook très séduisant avec de belles illustrations. De quoi voir Bayonetta sur toutes les coutures. Finalement Bayonetta est une sorte de pendant féminin sexy de Dante de Devil My Cry.
Coup double pour le studio Platinium Games, Bayonetta sera un des jeux phares de 2010 et une véritable carte de visite du savoir-faire du studio. Après un Madworld boudé par le public, car sortie sur Wii, Platinium Games nous livre une deuxième copie presque parfaite. Madworld avait suscité beaucoup de curiosité dès sa sortie, du fait que le jeu aille à l’encontre de ce que les gens pouvaient voir sur la console de Nintendo. Le jeu proposait en effet des graphismes exclusivement en noir et blanc et un gameplay très sanglant et brut de décoffrage basé sur du scoring. L’unique but était de tuer un maximum de zouaves à la tronçonneuse, en empalant, en électrocutant … Même si le pari était osé, le jeu se révèle entaché par une très grande érosion du concept. Madworld est en effet ultra-répétitif et surtout très court.
Platinium Games nous sert donc avec Bayonetta un cocktail bien plus équilibré et fin que Madworld. Dans la droite lignée d’un God Of War, Platinium Games nous offre pas une simple copie du travail de Santa Monica, mais une alliance ingénieuse entre le beat’em all et un environnement gothique. Platinium Games nous crée ainsi un concept savoureux.
Mais ce qui frappe en premier lieu, outre les courbes de l’héroïne, c’est bien la frénésie du titre. Un jeu à ne pas laisser aux épileptiques. Dès la première scène, dans le cimetière, la jolie brune est attaquée de toute part par une horde d’anges venus des cieux. Et c’est ainsi que l’on découvre la fluidité de ses mouvements. Bayonetta détonne à travers une panoplie de cascades. Le jeu se révèle dynamique via une maniabilité intuitive.
De prime abord on pourrait croire que le jeu, bourrin à souhait mais intelligemment dosé, est dépourvu de scénario. Cependant, Bayonetta jouit d’une histoire intéressante, quoique pas très fondamentale. Elle subsiste tout de même pour apporter du crédit à l’héroïne et surtout aux coté gothique de l’œuvre.
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Je me contente de vous conter les grandes lignes de l’histoire afin de ne pas vous divulguer les rebondissements de celle-ci. Bien avant la naissance de Bayonetta, il y a de nombreux siècles, l’équilibre entre la lumière et les ténèbres était parfait. Les sorcières du clan de l’Umbra et les anges du clan de Lumen arrivaient a instaurer un statut-quo. Or, les deux clans en venaient régulièrement aux mains. Et pour que la paix, aussi fragile soit-elle, ne soit pas brisée, les clans ne devaient en aucun cas se mélanger, se reproduire ensemble. Des siècles passèrent et ce qui arriva, arriva. Bayonetta nait de parents issu des clans différents. Une fois la manette en main, on découvre ainsi Bayonetta, 20 ans plus tard et amnésique, à la recherche de son passé.
Mais se qui rend le jeu totalement déluré, c’est bien entendu sa mise en scène burlesque avec un humour au troisième degré omniprésent. Entre la découverte de personnages haut en couleurs, le comportement un poil je-m’en-foutiste de Bayonetta et surtout le manque de sérieux global du jeu, on se surprend à sourire bêtement en déglinguant des anges. Les pitreries de Bayonetta suffisent à apprécier l’humour, parfois coquin et léger, du jeu.
Les séquences de combats sont façonnées d’une main de maitre, outre le fait qu’elles sont brillamment réalisées, elles sont aussi très plaisantes. Armés de pistolets aux mains et aux pieds, on savoure chaque combat en tentant de réaliser le maximum de combos destructeurs. Coups de pieds et coups de semonces sont au programme ! Tout ceci est facilement maniable. Quelques minutes suffisent à bien dompter la « bête », d’autant qu’un léger ralentit est appréciable durant les phases de combats. Un effet bien joli qui donne encore plus de peps à l’ensemble.
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Bayonetta n’attaque pas seulement, elle lui arrive parfois d’esquiver. Il le faut bien tant parfois la bataille est confuse. Lors d’une esquive, le temps se stoppe et on peut aisément infliger d’avantage de dégâts aux victimes en enchainant des combos dévastateurs. Combos réalisés via les QTE et provoquant de petite scènette comme l’apparition d’une guillotine géante ou d’un cercueil rempli de pieux.
Vous l’avez compris, le grand n’importe quoi est le maitre mot du soft. Mais face à des boss gigantesques, Bayonetta ne faibli pas. Bayonetta enchaine les acrobaties parfois improbables, use de sa souplesse dans des danses meurtrières allant jusqu’à invoquer des dieux macabres prenant l’apparence de dragons ou autres divinités. Petit hic tout de même, le jeu n’acquière des boss certes impressionnants et parfois redoutables, mais très souvent identiques. Le bestiaire est en deçà de ce qu’on pourrait imaginer.
Pour couronner le tout, le jeu possède même un petit coté RPG en pouvant améliorer les armes contre quelques pièces de monnaies glanées dans les différents niveaux.
Visuellement le jeu est une véritable claque. Mention spéciale à la version XBOX 360 plus fluide et plus soignée que sur PS3. Le titre dégage une telle générosité dans le level-design que ça en devient presque désarmant. Parti d’un environnement classique, on progresse dans des lieux de plus en plus abstraits et déconstruits. Les jeux de lumières sont à tomber à la renverse, la réalisation est grandiloquente et ne cesse de partir dans des délires dont le joueur s’amuse. Pour au mieux illustrer cela, une vidéo s’impose.
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Enfin l’ambiance sonore est comme tout le reste, une sacré réussite. Entre les musiques divines lancinantes d’un coté et les musiques pop acidulées de l’autre, la bande son est un véritable cocktail de bons gouts, parfois kitch comme en témoigne la version revisité de Fly me to the Moon. Idéal lors des affrontements nerveux avec les anges.
Finalement, le véritable mot d’ordre dans cette aventure palpitante, c’est la démesure. Tant sur l’action frénétique et totalement folle, que sur la réalisation graphique sublime, Bayonetta s’est révélé être une alternative sérieuse face à God Of War et Devil My Cry. Le jeu assume sa part d’humour et de troisième degré, faisant fi de toutes les règles imposées par le genre du beat’em all. Bayonneta transcende le genre, jusqu’à un final totalement barré qui me fait, après 2 ans, toujours sourire. Le jeu sera une révélation pour beaucoup, qui n’espérait pas grand chose de ce projet au départ. Une belle surprise en somme.