Un des principaux maux de la précédente génération de consoles est sans nul doute ces jeux à l’action scriptée et au level-design paresseux faits de couloirs d’un bout à l’autre d’un niveau. Crysis 2, Call Of Duty sont des exemples probants de softs qui usent de tous les artifices du film hollywoodien (explosions gigantesques, destructions nombreuses), mais qui délaissent la liberté de déplacement du joueur. Bref des jeux qui privilégient la forme au détriment du fond.
La liberté de jouer comme point d’orgue. Voilà le maître mot du titre d’Arkane Studio. Dishonored, c’est en quelque sorte un retour aux sources, une sorte de bras d’honneur à ces jeux stéréotypés. Un espoir pour ces joueurs qui ne se retrouvent pas dans les derniers blockbusters triple A de ces dernières années. Le soft puise en effet ses inspirations dans une époque qui semble lointaine, celle de FarCry, Thief et consort. Du lourd en somme !
Une ambiance unique
Le pitch du jeu est simple. Vous incarnez Corvo, le garde du corps attitré de l’impératrice. Cependant votre relation avec celle-ci est bien plus complexe du fait d’être un ami, un confident voire même plus … C’est en revenant d’une mission que vous avait confiée l’impératrice que vous assistez à l’irréparable. Après avoir visité les contrées voisines et alors que vous lui avouez qu’aucun remède n’existe pour lutter contre la peste qui s’abat sur le royaume, l’impératrice se fait assassiner devant vos yeux. Ajoutons aussi que la fille de l’impératrice, successeur au trône, s’est fait enlever sans que vous empêchiez cela. Vous allez être accusé à tord de son assassinat et vous devrez une bonne partie de l’aventure retrouver la fille de l’impératrice défunte, laver votre honneur, rétablir la vérité et punir ses assassins. Tout un programme !
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Si le scénario peut paraître un peu chiche pour certains, je le trouve pour ma part clair et limpide. Mise à part un petit rebondissement vers le dernier tiers du jeu, le scénario reste assez convenu. Pas de fioritures, l’histoire tient en haleine et se révèle à la fois baroque et sombre, un savant mélange qui fait mouche d’un bout à l’autre de l’aventure. Dishonored tire sa magie dans l’ambiance steampunk qui s’y dégage, son atmosphère et son ambiance unique dépeignant une Angleterre victorienne. Entre la peste qui se renforce peu à peu, les gardes, les rats, les brigands de grands chemins, les ennemis sont nombreux bien qu’ils ne soient pas tous très futés par moment. Bref c’est le chaos total !
Le style graphique est recherché, on aime déambuler dans des zones plus variées qu’il n’y parait. Au niveau des textures et de l’animation des personnages, on n’est loin des autres blockbusters (FarCry 3 pour ne citer que lui sorti à la même période). Mais attention, ce n’est pas non plus laid. Et puis on pardonne facilement tous les petits bugs ici et là au vu des immenses niveaux qui nous sont donnés à arpenter et du style particulier du titre. Steampunk, glauque, oppressant, les ambiances s’entremêlent, se superposent et donnent un voile mystérieux, particulier à l’aventure. Austère et baroque.
La liberté dans le level-design
La grande qualité de Dishonored réside dans son level-design fouillé ou vous pouvez arpenter les niveaux comme bon vous semble. Contourner les ennemis en passant par les toits, corniches, passages souterrains ou bien jouer habillement de l’arbalète pour endormir ses victimes avec des carreaux somnifères. Tout est possible. Finalement le joueur peut à sa guise choisir le meilleur compromis possible dans une situation. Pas de passage scripté ou de passage sur rails, vous êtes libre de faire des allers-retours. L’infiltration est au cœur du gameplay et il est plaisant de retrouver de l’infiltration dans un jeu d’aventure. Bref, il n’y en a pas que pour les FPS !
Ce qui ressort de Dishonored est un plaisir simple, pur, brute et terriblement équilibré. Une sensation que j’avais par moment oublié. Les déplacements sont intuitifs, les pouvoirs facilement réalisables. Car oui, vous aurez le droit de jouer les magiciens avec quelques pouvoirs bien dosés. Cependant ces pouvoirs ne vous rendent pas invincible, on est loin de la nano-combinaison cheater de Crysis, et tant mieux ! Rien n’est confus, la prise en main est claire et jamais on ne s’y perd. C’est old-school, pas de cinématiques intempestives, de didacticiels lourdingues, seulement du fun. Et on se surprend à vouloir recommencer certains passages pour voir toutes les possibilités et surtout espérer de ne pas éveiller une seule fois les soupçons des gardes. La tâche est ardue et j’avoue ne pas avoir assez de patience pour ce genre de challenge.
J’ajouterai que les plus téméraires pourront refaire l’aventure et profiter des autres fins possibles. Car oui, il existe plusieurs fins selon notre manière de jouer. Ainsi si vous êtes plutôt bourrin, vous aurez le droit à une conclusion plus pessimiste sur le sort du royaume, et inversement si vous êtes la discrétion incarnée !
Légèrement trop court
Je regretterai peut-être que l’aventure soit un poil courte. Deux niveaux supplémentaires n’auraient pas été superflus pour prolonger le plaisir. Mais ce que je regrette le plus c’est peut-être que l’aventure commence tambour battant. Deux-trois petites missions sous les ordres de l’impératrice auraient permis de voir plus intensément leurs liens étroits. Là, on accoste, on rencontre l’impératrice, elle meurt, on est emprisonné. En moins de dix minutes on en prend plein la tronche et on est trop vite dans le bain. Et c’est sans compter que l’on connait également les ennemis, leurs intentions de s’accaparer le pouvoir. Pas de suspense, on nous livre tout cela sur un plateau d’argent.
Quoiqu’il en soit, Dishonored est un jeu magique que l’on aime parcourir de bout en bout. Destituer les pourris qui dirigent désormais d’une main de fer le royaume est jouissif, tout comme abattre le plus silencieusement possible le moindre des gardes. Fun et sans prise de tête, le jeu ne s’embarrasse nullement d’artifices et propose quelque chose de vrai. L’un des meilleurs titres, si ce n’est le meilleur de l’année 2012. Indispensable.